Imaginer Google autrement

Anne-Marie Kermarrec, chercheuse rennaise, a décroché plus d'un million d'euros de l'Europe pour trouver une nouvelle façon de naviguer sur Internet.

Il y a quelques mois, Anne-Marie Kermarrec, directrice de recherche en informatique de 37 ans, cherche, pour son enfant, une baby-sitter anglophone, en échange de son hébergement. « Si j'avais pu rassembler dans un gymnase la communauté rennaise des étudiantes anglophones et leur faire ma proposition avec un mégaphone, c'est évident que j'aurais trouvé quelqu'un. »

Faute de gymnase, l'informaticienne pense à Internet. « Les moteurs de recherche comme Google sont très efficaces. Notamment pour chercher quelque chose dans un document. Mais, parfois, les informations y sont vieilles. La rareté et l'individu n'y sont pas favorisés. »



Trouver des Anglaises qui n'ont pas encore exprimé sur le Net leur souhait de faire du baby-sitting : Google ne sait pas faire. Les communautés d'internautes qui se retrouvent par affinités existent pourtant, comme Facebook et autres Myspace. Mais l'information y est, finalement, assez statique.

« Ma requête se propage... »

L'idée d'Anne-Marie Kermarrec est donc d'inventer un système où l'individu est au coeur. Quelque chose qui serait à mi-chemin entre les moteurs de recherche classiques et les sites communautaires. « Un endroit où je peux poster une requête. Elle se propage comme une épidémie pour trouver la bonne communauté. Je reçois des réponses. Si elles ne correspondent pas à ma demande, je le dis et ça s'arrête. »

Si elles correspondent, ça signifie qu'il y a un besoin. Alors, à partir de la première annonce, se crée un réseau passant d'ordinateurs à ordinateurs (peer-to-peer) où peuvent se greffer d'autres demandes...

L'idée est prometteuse. Sur 10 000 candidatures européennes, Anne-Marie Kermarrec fait partie des 3 % de lauréats choisis par le Conseil européen de la recherche, toutes disciplines confondues. Le résultat est à la hauteur. La chercheuse obtiendra autour de plus d'un million d'euros pour faire vivre une petite équipe spécifique à ce projet Gossple au sein de son groupe de recherche.

Maintenant, il reste cinq ans pour aboutir. La recherche aura fait un grand pas. Mais il sera trop tard pour trouver une baby-sitter.

Gilles KERDREUX.

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